O N I

R O

G R A P H I E

La nuit tombée, dans l’épaisseur des branchages, de grands yeux flottent dans l’obscurité.

Ils laissent présager la présence d’une créature immense.

Dessin de la série Onirographie avec visage et papillon de nuit

Se réfléchissant dans le miroir de la nuit, ces yeux, ce sont les miens.

Dans l’éveil onirique, le rêve regarde

le rêveur.

Dessin en art contemporain de la série Onirographie

« Que peut le rêve ? La question est plus que jamais cruciale. Avec la capacité de rêver, l’humain convoque une intelligence aussi vaste de la perception qui déborde de toute part la conscience. [Le rêve] est un appel sans cesse renouvelé à une conversion »

« Ce que peut le rêve est immense. Réparer, se remémorer, prophétiser, écouter, mettre en garde, terroriser, apaiser, dévoiler, libérer. Et nous permettre d’oublier. »

– Anne Dufourmantelle, L’intelligence du rêve, 2012

Alors que nous nous endormons, un monde s’éveille en nous. Nuit après nuit, nous sommes conviées, dans les profondeurs de notre vie sensible, à un rendez-vous avec nous-mêmes. Dans le rêve, nous ouvrons les yeux sur des mondes tout autant inconnus qu’intimes.

Le rêve raconte la vie autrement que la mémoire et, dans une reconfiguration du temps, il borde les territoires d’hier et de demain.

Au travers des formes les plus inattendues, nous sommes sans vraiment le savoir dans un théâtre collectif du soi, témoignant du monde et de notre propre existence.

Qui regarde qui dans le rêve ? C’est le rêveur qui regarde ou, comme l’affirmait Lacan, c’est plutôt le rêve qui regarde le rêveur ?

Foucault dans un texte étonnant sur le rêve affirmait: « Rêver n’est pas une autre façon de faire l’expérience d’un autre monde, c’est pour le sujet qui rêve la manière radicale de faire l’expérience de son monde »

PASSAGE

« Tel était le but des expériences : projeter dans le Temps des émissaires, appeler le passé et l’avenir au secours du présent. »
– Chris Marker, La jetée, ciné-roman

Fable psychologique sur le temps, le film La Jetée (1962) de Chris Marker entremêle les pouvoirs et les énigmes de la mémoire et des rêves. Dans un monde devenu inhabitable où l’humain est condamné, le temps du rêve devient l’unique canal pour rejoindre la suite du monde. La capacité de rêver permet de survivre en communiquant avec le futur.

Dessin en art contemporain de la série Onirographie avec visage et papillon de nuit

« Le rêve attend secrètement le réveil »
– Walter Benjamin, Le livre des passages

Entités magiques apparaissant dans les songes, les figures de l’ange et du génie traversent le temps, les cultures et les espaces. Ces personnages surnaturels ou allégoriques, présents dans les contes et les traditions populaires, ont une influence sur la destinée et la capacité d’entreprendre des choses extraordinaires. L’auteure Anne Dufourmantelle présente ces deux figures symboliques telles des intercesseurs qui, comme les rêves, veillent en nous et sur nous. Ils appellent aux métamorphoses.

À l’image de l’ange et du génie, le rêve est un messager, un éveilleur. Un réveil au sens ou l’entendait Benjamin — un processus graduel qui interrompe la conscience éveillée et où le « savoir-non-encore-conscient » surgit.

Convoquant les métamorphoses et le temps des songes, le projet de recherche-création Onirographie (2021 - 2023) interroge les impasses et la capacité à rêver des alternatives. Animés par une réflexion sur les rêves et leurs pouvoirs de dévoilement, des travaux en dessin et en vidéo se côtoient et ouvrent vers des espaces de seuils. À la surface du papier et des formes, des messagers ailés se manifestent, traversant l’air, l’eau, les regards, les chutes et les ascensions. Des maisons et abris en papier dévoilent des histoires à plusieurs faces, des narrations entrouvertes invitent aux reconfigurations du temps.

Ce projet à fait l’objet d’expositions et la réalisation de cette page Web.
Remerciements aux Conseil des arts du Canada de son support à la réalisation de ce projet.

Calling on metamorphoses and dreamtime, the Onirographie research-creation project (2021 - 2023) questions impasses and the ability to dream alternatives. Driven by a reflection on dreams and their powers of unveiling, drawing and video works are brought together to open up spaces of thresholds. On the surface of paper and forms, winged messengers manifest themselves, crossing air, water, gaze, falls and ascents. Paper houses and shelters reveal multi-faceted stories, and half-open narratives invite us to reconfigure time.

This project was the subject of exhibitions and the creation of this Web page. Thanks to the Canada Council for the Arts for its support in the realization of this project.

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